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Un magnifique wadi

Vendredi 15 mars 2013

Ce matin, je me lève à 6h. Depuis hier soir, j'ai plutôt mal au pied droit. A priori, j'ai dû le poser sur un corail car il présente plusieurs lacérations ou perforations qui m'élancent à chaque pas. En attendant le réveil de mes compères, je m'installe au restaurant en bordure d'océan. Un second boutre a rejoint le premier. Le temps passe doucement en écrivant mon carnet de route, en remplissant une grille de mots fléchés et en écrivant un premier et dernier mail à mes proches.

Le petit-déjeuner est encore sous forme de buffet. Plutôt copieux.

Nous quittons le complexe hôtelier pour la ville de Sur. Cette cité est charmante avec des façades décorées et des portes sculptées pour chaque maison de la vieille ville. Nous circulons à travers un lacis de ruelles où les chèvres sont plus nombreuses que les chiens.

Nous sommes déposés dans une petite baie. A notre droite, un phare, désormais hors de fonction, s'élève depuis une base fortifiée. Des omanais y tournent un film. En contournant à pied l'anse, nous passons devant les nombreuses maisons aux façades blanches agrémentées de motifs colorés. Quelques bateaux de pêche sont au mouillage sur notre gauche.

Sur les hauteurs, plusieurs tours de guet surveillent les environs. Une mosquée côtoie certaines d'entre elles. Enfin, un pont, tel un Golden Gate en miniature, enjambe un bras de mer pour rejoindre la ville moderne, centre de l'activité économique.

Sur est l'ancien point névralgique du commerce avec l'Afrique : épices, matériaux précieux, esclaves... tout y transitait. Pour acquérir une espèce de monopole sur ce domaine, elle s'est spécialisée dans la fabrication des boutres, le bateau emblématique de la région. Ce sont justement les chantiers navals que nous rejoignons à présent. Comme c'est le jour de la prière, l'activité est particulièrement réduite, mais on peut y découvrir en cale sèche trois navires à trois stades différents de production.

Après un tour de ville, nous faisons un tour au marché aux poissons. Pas besoin d'y jouer des coudes mais les espèces y sont plus variées qu'à Mascate : requins, thons, deux seiches pour ce que je reconnais. De là, nous nous rendons à pied au supermarché où Robin s'approvisionne, atteignant ainsi la partie la plus vivante de la localité.

Dernier arrêt à un "musée" de bateaux à ciel ouvert. Le plus célèbre est le dernier boutre ayant navigué à la voile en 1967 : le "La Victoire". D'autres embarcations vouées au transport de personnes, de marchandises ou à la pêche (les simboks) sont présentées. La plupart sont à fond plat.

Nous quittons alors la ville pour Tiwi où nous déjeunons dans un très bon restaurant indien : poulet tandoori, riz, dhal (lentilles comme au Népal), légumes variés, pains chauds et plats (genre naan). Un bon yaourt clôt le repas en beauté et en fraicheur.

Quelques kilomètres plus en avant, le Wadi Shab se présente comme un canyon magnifique et encaissé, le plus beau que j'ai vu à Oman. Une barque de pêcheur permet de traverser une étendue vert bouteille. A partir de là, cinquante minutes de marche sont nécessaires pour atteindre le coeur du site, son joyau. Nous commençons par longer une bande de palmiers puis traversons une vallée de rocailles. Le sentier va ensuite s'enfoncer dans une gorge resserrée et, pour cela, s'accrocher à la paroi où une veine a été aménagée. L'eau est à plusieurs mètres en contrebas, proche du turquoise. Au-dessus de nous, les flancs s'élèvent très haut. Aussi progressons-nous à l'ombre.

 

Au sortir de cette sente, il faut trouver sa voie au milieu de gros rochers. En ligne de mire, des constructions abandonnées accrochées à la falaise. Lorsqu'on les atteint, une palmeraie alimentée par des falajs remplace l'univers minéral évoqué. Des cultivateurs sont en train d'y répandre des sacs d'engrais. Plus qu'une poignée de pas et nous y sommes : tout au long de la progression, l'environnement a été magnifique. Nombre de vues étaient dignes d'une carte postale (et en sont l'objet). En revanche, la chaleur écrasante rend l'apparition d'une première vasque bienvenue.

Nous partons découvrir la suite à la nage car il n'y a pas d'alternative. Les vasques suffisamment profondes pour que l'on n'ait pas toujours pied alternent avec des bancs de cailloux. Je me sens encore comme un poisson dans l'eau, plongeant à la recherche des collègues : des petits noirs très farouches. Au bout de la quatrième vasque, la personne qui n'y fait pas attention peut être amenée à rebrousser chemin. Ce serait une grave erreur. Dans une anfractuosité, une ouverture est ménagée au travers de laquelle seule la tête peut passer, et encore. D'ailleurs aujourd'hui, elle ne passe pas vraiment et la mienne est pourtant allongée. Je plonge dans un couloir et accomplis quelques brassées pour atteindre l'autre côté. J'aide ensuite 3 compagnons qui n'ont pas de lunettes sous-marines à passer ce goulet. Nous pénétrons dans une cavité ouverte au sommet, à une dizaine de mètres plus haut, que dévale une cascade. La profondeur de l'eau est très conséquente aussi n'y a-t-il pas d'autres solutions que de se cramponner à la paroi pour récupérer. Tandis que deux jeunes plongent de vraiment haut, je vois plus modeste : un mètre au-dessus de l'eau devrait suffire. D'un plongeon avec élan, je traverse le bassin de cette caverne. Nous ressortons et je manque d'assommer la seule femme de notre petit groupe : elle remonte avant que je n'ai eu le temps de la tracter suffisamment. Ouille la tête ! Grâce à elle, peut-être que l'on pourra passer sans plonger la prochaine fois. J'opte ensuite pour un nouveau plongeon d'un promontoire de 2,5 à 3 mètres et frôle le fond. Je m'arrête là et reprend l'apnée, moins risquée. Ce parcours était vraiment très agréable, j'ai passé un super moment !

Nous redescendons jusqu'à la barque puis aux véhicules. Nous y retrouvons Taher qui, en manque de portable, a préféré redescendre plutôt que de profiter des beautés de ce site inconnu pour lui-aussi. Avant de repartir, Robin nous offre une fois de plus un rafraichissement.

Nous pouvons alors gagner la plage de Fins pour bivouaquer au bord de la mer. A proximité de notre emplacement, les bases circulaires de ce qui pourrait être des sépultures. Au loin, la montagne veille sur nous.

Dernière soirée sous la tente. Côté cuisine, c'est sûr : en une semaine, les plus assidus d'entre nous ont épluché et découpé plus d'ails, d'oignons, de poivrons et de gingembre qu'au cours du reste de leur vie ... Mais le résultat en vaut toujours le coup : ce soir, un plat de crevettes au lait de coco avec ses petits légumes et son riz. Miam !

Taher tente d'allumer un ballon alimenté par la chaleur d'une bougie. Mais le vent est trop fort et le rabat à chaque lancement vers le sol. L'opération, partie d'une bonne intention, échoue.

Quelques devinettes agaçantes (car toujours en suspens) plus tard, nous rejoignons la tente. Le plein air a certes du bon mais lors d'une mini-balade j'ai croisé une belle araignée qui a fini de me dissuader. Sur un fond de roulement régulier des vagues, nous nous laissons bercer et sombrons dans les profondeurs de la nuit.

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